De Armeense genocide

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Gezant Van Welderen Rengers aan minister van BZ Van Karnebeek

Gezantschap der Nederlanden

Constantinopel, den 24 October 1921.

[gestempeld met: ingekomen Buitenl. Zaken -1 NOV. 1921, Exh: 2/11 1921, Kabt. No. 5268]

Nº 1545/378

Armeensche aangelegenheden.

Zijner Excellentie den Heere Minister van Buitenlandsche Zaken te 's Gravenhage.

Ten vervolge op mijn schrijven van 22 October jl. No. 1529/377, heb ik de eer Uwer Excellentie hiernevens aan te bieden een uitknipsel uit een heden verschenen dagblad houdende den tekst van een persgesprek met de alhier vertoevenden voorzitter van de Armeensche handelsmissie, betrekking hebbende op den economischen toestand in Armenië.

De Gezant

Van Welderen Rengers

[handgeschreven aantekening]

Kennisgeving

[bijlage, knipsel uit krant]

La situation en Arménie

La vie peu a peu renait dans ce pays de malheur

Déclarations de M. Garinian
Président de la mission commerciale

Ainsi qu'on le sait, le gouvernement arménien a envoyé ici une mission économique. L'un de ses membres, M. Chahverdian, se trouve parmi nous, depuis environ trois mois. Le président de la mission, M. Garmian, ci-devant commissaire du peuple pour la justice, vient d'arriver dans notre ville.

Il a bien voulu me fournir les renseignements suivant sur la mission, ainsi que sur la situation règnant actuellement en Arménie:—

La mission que je préside, me déclara-t-il, comprend M. M. Chahverdian, ex-représentant diplomatique à Tiflis, et Simon Piroumian, président de l'Union Ses Coopératives d'Arménie. Elle a un double but: 1° entrer en relations avec les Coopératives et les établissements de commerce et d'industrie de l'Europe, pour nous procurer les marchandises nécessaires contre payement, en espèces ou en nature, l'Arménie disposant en ce moment de stocks importants de matières premières, telles que: coton, laine, cuir, cuivre, etc. 2° intéresser les colonies au sort de leurs frères du Caucase.

La situation économique du peuple arménien est grave. Et cela est compréhensible. L'Arménie a traversé depuis la conflagration générale des épreuves bien dures. Il y a des régions, telles, par exemple, celle d'Alexandropol qui ont été complètement ravagées. Le district de Chamchadin qui confine a l'Azerbaidjan souffre de la sécheresse. Les conditions de vie dans les régions montagneuses, comme à Lori, à Daralakiaz, sont relativement meilleures, par leur position même s'étant trouvées hors d'atteinte.

Certaines contrées, telle le district de Nouveau-Bayazid sont dans une situation si bonne, que non seulement elles se suffisaient, mais qu'elles viennent en aide aux autres régions.

Mais, d'une faÇon générale, l'Arménie a besoin de l'aide étrangère pour se relever. Elle a mis naturellement son espoir en ses riches colonies armémiennes dans cette oeuvre éminement nationale et humanitaire, cai avant toutes considérations politiques il y a celle de l'existence même du peuple arménien dans son foyer. Détail intéressant, cette attraction du foyer est tellement forte que malgré les conditions économiques peu enviables, un mouvement d'immigration irrésistible se dessine. En effet, les Arméniens des districts persans de Khoï et de Salmast ont commencé à s'installer chez nous. On sait, d'autre part, que les réfugiés arméniens ed Nain-el-Omar (Mésopotamie), restés sans soutiens seront transférés en Arménie.

Le gouvernement d'Erivan a décidé de distribuer de la terre à tous les immigrants, ainsi qu'aux centaines de milliers d'Arméniens de Turquie qui ont cherché un réfugie au Caucase, au début de la guerre générale et qui traînent une vie de pérégrinations et de malheurs.

L'une des préoccupations de notre gouvernement est précisement l'installation et l'entretien des émigrés qui ne peuvent compter sur personne.

Nous ne doutons pas un instant que nos frères de l'étranger ne considèrent comme leur devoir de prêter dans cette tâche leur concours au gouvernement.

Le gouvernement a, d'ailleurs, laissé toute liberté aux colonies pour l'organisation comme pour la distribution du secours. Nous nous bornerons à leur fournir des renseignements sur les localités qui souffrent, ainsi que sur l'étendue du besoin.

Bientôt seront ici les délégués du Comité de Secours, formé des représentants de toutes les couches et de tous les courants politiques de notre pays, pour travailler la main dans la main avec «le Comité de ecours de la Patrie», existant à Constantinople.

En dehors du pain, le peuple d'Arménie a particulièrement besoin de lait, de vêtements et de souliers.

Nous recevons du pain de la Perse qui nous fournit également des bêtes de labour. Nous recevons aussi de Batoum notre part des articles do première nécessité que la Représentation commerciale de l'Union des Républiques transcaucasiennes à Constantinople achète pour leur compte.

Je dois ajouter que le peuple d'Arménie se remettra vite et facilement. Nonobstant la dureté des conditions économiques actuelles, la population est loin d'être décourage. Au contraire, grâce à la sécurité et à la paix dont elle jouit, de l'animation et même de l'enthousiasme se remarque particulièrement à Erivan où se rendent les intellectuels arméniens se trouvant en Géorgie, et Azerbaïdjan et en Russie, et contribuent à l'activite publique.

Lé gouvernement déploie tous ses efforts pour développer cette activité. Il cherche à résoudre la question des moyens de communications. Les trains circulent régulièrement entre Batoum et Erivan, d'un côté, et Erivan et Tébriz, de l'autre. Il semble que la capitale de l'Arménie soit appelée à devenir un centre de reliement et de transit entre Batoum et la Perse et vice versa. Un service d'automobile a été également crée entre Erivan et les diverses villes. Les chaussées et les routes sont en ce moment activement réparées. Des ateliers et des garages d'autos sont installées. Un service de bateau a été établi sur le lac de Cévan. Un petit vapeur, l'Achod-Ergat, qui avait échoué il y a deux ans, a été renfloué par un Arménien de Turquie, le commandant du stemar Borjom, et dessert les rives du lac.

Le gouvernement a remis en état les deux tanneries, la fabrique dei savon qui existaient déjà, ainsi que les rafineries de coton et de riz.

Le conseil économique supérieur de Russie a décidé d'installer en Arménie une grande usine de textile qui contribuera au développement industriel de notre pays.

Bref, nous n'avons aucune raison de désespérer. Après la formidable tourmente qui l'a louguement et si violemment sécouée, la vie renaît peut à pou dans la malheureuse Arménie qui invite tous ses fils à un travail de création et de relèvement.

Le Reporter.

Bron: Nationaal Archief, Den Haag, Ministerie van Buitenlandse Zaken: Kabinet en Protocol, 1871 - 1940, nummer toegang 2.05.18, inventarisnummer 47/110.

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